Une histoire corse

Comme elle le fait chaque année durant l’été, Catherine passe ses vacances sur l’Île de Beauté dans la maison de ses grands-parents décédés. Lors d’une fin d’après-midi, alors qu’elle prenait un bain dans un ruisseau, la jeune femme est surprise par un gros orage. Courant sur le bord de la route, elle est recueillie par un automobiliste, Antoine, qui lui propose de la raccompagner chez elle. C’est en discutant avec ce dernier qu’elle découvre qu’il est son demi-frère. Totalement ébahie par cet aveu et surtout choquée par le silence que toute sa famille, depuis 20 ans, a entretenu autour de son existence et du passé de leur mère, Catherine parvient à accuser le coup. Aussi, ils se décident de se revoir le lendemain pour évoquer leurs souvenirs. Autant dire que, dans l’évocation du passé familial, Catherine va aller de surprises en surprises et même découvrir des secrets terribles qui auraient mieux faits de ne pas être ravivés.

Par phibes, le 10 mars 2018

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Notre avis sur Une histoire corse

A peine a-t-elle vu fleurir sur les étalages son one-shot intitulé Le voile noir que Dodo refait parler d’elle, cette fois-ci, en présentant un récit qui se veut inspiré de ses origines corses et qui a la particularité de nous introduire dans une intrigue familiale aux accents dramatiques.

C’est donc l’histoire de Catherine, jeune originaire de l’île de Beauté, qui, dans les années 80, à la suite d’une rencontre fortuite, va tenter de lever le voile mystérieux qui recouvre le passé de sa mère et également par ce biais va lever la part d’ombre de certains proches. Force est de constater que le récit se déguste dans une simplicité bien agréable. Dès le premier rebondissement, à savoir l’aveu d’Antoine lorsque les deux gens se rencontrent, on est pris dans les filets de cette affirmation qui nécessite évidemment des explications. Commençant doucettement et à la faveur d’un enchevêtrement d’époques bien assuré, Dodo donne progressivement les dessous du secret familial inhérent à la jeune femme dans une articulation qui a le privilège de faire enfler exponentiellement le drame.

Se nourrissant de ces archétypes que génère la Corse tels la loi du silence, la guerre entre familles, la vengeance ou l’indépendantisme, la scénariste tire subtilement les ficelles de son histoire, jouant tout particulièrement sur le lien affectif qui s’établit entre Antoine et Catherine. On découvre de façon alternée leur passé permettant ainsi de mieux cerner leurs parcours familiaux. Mais cette évocation première plutôt fleur-bleue cache quelque chose que le lecteur va devoir découvrir abruptement, sans préparation. A n’en pas douter, par ce ressort scénaristique, Dodo fait mouche et amplifie efficacement la gravité de son récit.

Glen Chapron nous offre ici une prestation d’une beauté généreuse. A la faveur d’un style semi-réaliste à main levée pour le moins maîtrisé, mis en valeur par une colorisation très agréable, l’artiste délivre un message à la dimension humaine, réellement convaincant. On saluera tout particulièrement son travail sur les époques passées, à l’appui d’un jeu subtil de coups de crayon aux tons sombres permettant de les différencier de l’évocation présente à Catherine. De même, on pourra apprécier les personnages, leur gestuelle et leur sensibilité assurément bien restituées.

Une histoire corse aux accents tragiques qui ne laisse pas indifférent, remarquablement réalisée par des artistes complémentaires et bien inspirés par leur sujet.

Par Phibes, le 10 mars 2018

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