VOYAGES DU DOCTEUR GULLIVER (LES)
Livre 2

Après un premier périple sur une île peuplée de Liliputiens, c’est au tour de ce bon vieux Docteur Gulliver d’être minuscule dans un monde gigantesque. Il découvre alors accompagné de Pom, une charmante enfant, un monde aux libertés individuelles très limitées. Ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais » sont des concepts arbitraires et absurdes créés par la « Norme », un genre d’institution totalitaire qu’il fait bon d’écouter si l’on veut éviter les ennuis. En parallèle, Clémence, la compagne du Docteur, se bat pour la liberté et participe activement à un mouvement de grève ouvrier qui met De Rougemont, le boss tyrannique de la ville, dans une colère noire. Peut être a-t-il également peur ?

Par Placido, le 17 avril 2010

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Notre avis sur VOYAGES DU DOCTEUR GULLIVER (LES) #2 – Livre 2

Nouveau tome et nouvelle aventure pour le Docteur Gulliver, attaché à sa femme et son enfant et pourtant tellement amoureux du grand large et des voyages… Toujours librement adapté du roman de Jonathan Swift cette histoire tourne autour d’un thème cher aux yeux de Kokor et de son personnage, la liberté ! Je ne connais guère l’œuvre originelle, juste assez pour vous signaler qu’à travers une histoire fantastique, l’auteur dévoile subtilement une satire sociale (ce qui lui vaudra d’être censuré en 1721). Et Kokor de reprendre cette inventivité à sa sauce, tout en finesse.

Le livre deux est assez particulier. On retrouve bien évidemment le charme et le ton du premier, un rythme lent et agréable, teinté d’onirisme et de poésie. Mais la douceur du monde des liliputiens laisse place à l’âcreté d’une société sombre, formatée, soumise, où la liberté de penser n’est plus qu’un lointain souvenir. Malgré tout, le Docteur Gulliver profite de l’instant en compagnie de Pom, se balade dans un panier, joue dans des châteaux de sables (géant), soigne les petits animaux blessés et projette la construction d’un bateau… Mais Pom et Gulli sont vite rattrapés par la réalité : se cacher, rester cloitré chez soi, les familles voisines emmenées on ne sait où par la « Norme »… Et c’est à travers un songe (où la référence au film foutraque et décalé des Beatles Yellow Submarine est évidente) que tout bascule. Gulli restera enfermé dans son panier et retournera auprès des siens aussi vite qu’il est arrivé, non sans tristesse.
Du côté de Clé’, l’heure est à la révolte ! Les ouvriers en ont assez d’être payer de façon hasardeuse et souhaitent se faire entendre auprès de leur dirigeant : « De Rougemont vendu ! Le peuple est dans la rue, pour te dire que t’es foutu ! ». Et c’est une première pour ce dernier qui jusque là ne connaissait même pas l’existence du mot « grève ». Terrorisé, il s’emploi activement à faire intervenir l’armée afin de calmer et refroidir les esprits.
On se promènera ainsi d’un côté, puis de l’autre, tantôt avec un héros déprimé et pensif, tantôt débordant de joie, dansant déguisé en fanfaron. La fin est très émouvante, très belle, et nous offre également une part de revanche et d’espoir !

Le dessin, toujours aussi onctueux et idéalement colorisé, participe pour beaucoup à l’ambiance, retranscrivant habilement les passages sombres et les plus lumineux, ceux du grand large avec couché de soleil, plage et bateaux.

Au même titre que le roman, cette BD est un conte dénonçant des situations qui ne sont pas tant imaginaires que ça et qui se reflètent dans notre société actuelle. Nous amenant à réfléchir sur ce que sont les vraies valeurs humaines, l’amour de son prochain et les libertés individuelles entre autres, le récit s’enrichit et prend une toute autre dimension.
N’attendez plus et prenez le temps de faire une belle balade (sur un bateau en plus), avec ses bons et ses mauvais moments, ses rencontres amusantes et attachantes et ses circonstances désolantes et graves, mais c’est le prix à payer, au nom de la liberté, du voyage et du rêve !

Par Placido, le 17 avril 2010

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