Mademoiselle Else

Alors qu’elle séjourne en Italie pour ses vacances, Mademoiselle Else reçoit de ses parents restés à Vienne un courrier la priant, pour venir au secours de son père pris à la gorge financièrement, d’aller trouver le riche M. Dorsday et d’obtenir de lui le prêt d’une coquette somme promise à être rapidement remboursée.

Celui-ci acceptera, mais à une condition qui allait demander à Mademoiselle Else de donner de sa personne…
 

Par sylvestre, le 12 octobre 2009

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Notre avis sur Mademoiselle Else

C’est dans la fraîcheur d’un paisible cadre montagnard que l’on fait la connaissance de Mademoiselle Else et celle également des quelques personnages qui composent le microcosme dans lequel se situe l’histoire. Avec ses ambiances tout droit sorties de la Belle Epoque (vêtements, style de vie, niveau de langage…) mais surtout avec ses couleurs d’automne, le récit impose d’entrée une atmosphère assez mélancolique, propice au drame qu’on devine nous attendre. C’est en tout cas la réflexion qu’on peut se faire lorsqu’on entre dans cette lecture qui est l’adaptation en bandes dessinées par Manuele Fior du roman de Arthur Schnitzler.

Cet album est assez envoûtant, donc. Sans doute grâce à ce petit côté huis clos à la Agatha Christie : on pressent que quelque chose va déraper ! Le personnage de Mademoiselle Else est d’ailleurs difficile à cerner ; c’est pour nous un indice du malaise qui va s’installer. Autant les réflexions qu’elle se fait peuvent sonner de manière assez humoristique, autant on la sent crispée par une éducation stricte qui l’empêche d’aller sereinement vers ce qu’elle a à accomplir. Il faut dire à sa décharge qu’elle porte une responsabilité que ses parents ont du mal à assumer. On se fera donc une raison lorsqu’on découvrira où tout ça l’aura menée.

On ne pourra pas être complet sans évoquer un des éléments qui figure parmi les plus importants de l’histoire : il s’agit de la beauté de Mademoiselle Else. Et là, le dessin de Manuele Fior nous laisse dans un flou artistique avec son style si étrange… Car on ne peut pas dire que l’héroïne telle qu’on la voit soit d’une beauté fatale. Notre curiosité croît donc quant au pouvoir de cette beauté qui va être au coeur du récit. Si Mademoiselle Else avait été dépeinte comme une dévergondée prête à tout, il n’y aurait pas eu ce suspense auquel on a droit. Si elle avait été complètement inhibée, elle n’aurait pas donné suite à la requête de ses parents… Et l’histoire n’aurait pas été ce qu’elle est. Jusqu’au bout, on se demandera comment les choses vont tourner. C’est une force de l’adaptation de Manuele Fior qui réussit, malgré un contexte très immobile, à retenir notre attention.

Passer à l’achat de cette bande dessinée ne tiendra par contre pas du réflexe. Non. Car c’est, il faut le dire, un roman graphique qui ne sera pas accessible à tous, qui ne plaira pas à coup sûr. Mais c’est là qu’il faut faire confiance à la qualité de ce que nous a proposé jusque là la collection Mirages des éditions Delcourt ; et ceux qui sauront accepter le côté très lent et très spécial que leur réserve cette histoire seront armés pour plonger en en profitant au mieux dans cette curieuse chronique sociale.
 

Par Sylvestre, le 12 octobre 2009

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