RED BRIDGE
Mister Joe and Willoagby

Quand Elie Miller revient dans sa ville natale, Red Bridge, ce n’est pas de gaieté de cœur. Pour lui, ce lieu, c’est du passé. Seulement, il n’a pas le choix et doit s’y rendre pour des raisons professionnelles.

Il n’a averti personne de sa visite. Pourtant, à son arrivée dans la principale auberge du coin, il apprend qu’une chambre a été réservée à son nom. Une invitation l’attend même, pour la soirée anniversaire des dix ans de la section littéraire.

Plus inquiétant, il apprend d’un homme qu’il a rencontré dans le bus, Aaron Willoagby, que plusieurs accidents mystérieux ont eu lieu dans la bourgade. Le FBI a été dépêché car ces étranges accidents ont tous un point commun : les personnes décédées appartenaient toutes à la section littéraire, classe 1957. Celle dont faisait partie Elie Miller…

Par legoffe, le 1 janvier 2001

2 avis sur RED BRIDGE #1 – Mister Joe and Willoagby

Pendant tout ce premier tome, on suit le personnage qui revient dans sa ville natale et la redécouvre dès années après l’avoir quitté. Cette ville, paumée au fin fond des USA, est toujours là mais elle a changé et évolué sans lui. Il connaît les gens qui la peuplent sans vraiment les reconnaître et se sent éloigné de ce qui faisait autrefois son quotidien. Dans cette ville, chaque personnage a une histoire que l’on découvre au fil de l’album. C’est la vraie réussite de cet album car l’ambiance est extrêmement prenante, et un certain malaise s’installe. Sur fond de guerre du Vietnam, on suit ce personnage plutôt antipathique en cherchant à comprendre ce qu’est devenue cette ville.
Mais une grande partie du mystère qui imprègne cet album vient des morts qui se multiplient autour d’Elie Miller. On lorgne donc vers le thriller, mais le suspens a du mal à prendre. Certains éléments d’angoisse tombent un peu comme un cheveu sur la soupe et on a parfois l’impression que ces morts suspectes ne sont qu’un sujet de discussion comme un autre dans cette ville. Cette histoire aurait sans doute mérité un nombre de pages plus conséquent. Cela aurait permis aux auteurs de prendre un plus leur temps pour détailler l’intrigue autour de ces cadavres. Les auteurs n’ayant pas voulu tomber dans les effets sanglants faciles (on ne voit ni goutte de sang, ni cadavre), la mise en place de ces meurtres était d’autant plus importante pour créer de la tension.
Côté dessin, le travail de Gabriele Gamberini est très réussi. L’histoire se passant durant l’été indien, cela lui a permis de créer des paysages magnifiques, on pense un peu à De Metter. Son dessin réaliste tout en couleurs directes est aussi très adapté aux nombreuses scènes de dialogues. Même si certaines expressions semblent parfois un peu figées, l’auteur a réussi à donner une vraie âme à cette ville et à ses habitants. Et c’est bien cela qui nous donnera envie de se plonger dans le deuxième tome car on a très envie de découvrir l’histoire de ces personnages et leurs secrets.

Par Arneau, le 15 octobre 2008

Quand Jean-François et Maryse Charles sortent un album, ils se partagent généralement le dessin et le scénario. Une fois n’est pas coutume, ils confient, pour ce livre, le graphisme à Gabriele Gamberini. Nous n’aurons donc pas le plaisir d’admirer les magnifiques œuvres que Jean-François Charles sait si bien nous offrir. Néanmoins, cela nous permet d’apprécier un autre auteur talentueux, qui a choisi un style très réaliste, travaillant intégralement en mise en couleur directe. Il en résulte un travail splendide, remarquable, qui ressemble plus à une série de tableaux de peinture qu’à de la bande dessinée. Le style ne sera pas sans rappeler les livres de De Metter et assoit de façon impeccable l’ambiance pesante et rétro de Red Bridge.

Coté scénario, après des voyages en Inde (India Dreams) ou dans la Normandie de la Seconde Guerre Mondiale (War Dreams), les auteurs nous proposent un thriller ayant pour décor une petite bourgade d’Amérique, en 1967, dans un pays en plein doute face à la guerre du Vietnam.
Des accidents meurtriers s’enchaînent et l’ambiance est vite pesante dans la commune de Red Bridge. Outre ces faits mystérieux, nous assistons au défilé d’une galerie de personnages qui semblent tous avoir leurs petits démons.

Ici, pas vraiment de premier rôle. Elie Miller, qui raconte l’histoire, apparaît finalement assez terne et « toujours coincé » comme le rappelle son ancienne amoureuse. Il croise, tout au long de son séjour, des seconds rôles d’une grande diversité. Il y a l’ancienne petite amie, le flic lourdaud, les aubergistes homos et, surtout, ce drôle de retraité, avec ses allures débonnaires et son inséparable chat (Mister Joe). Ce sexagénaire est partout et semble beaucoup plus impliqué dans l’affaire qu’il ne veut bien le laisser croire.

Seulement, voilà, quel lien entre lui et ces anciens camarades de classe qui décèdent les uns après les autres ? La situation s’assombrit encore à la fin de l’album, ce qui nous donne vraiment envie de connaître le fin mot de l’histoire. Sans doute le passé va-t-il ressurgir de manière cinglante au visage de ces « classards 57 ». Réponse dans le tome 2 qui verra la suite et fin de ce récit qui m’a rappelé la série Twin Peaks par certains côtés.

Par Legoffe, le 28 août 2008

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